La Suède est devenue ces dernières années un champ de bataille pour les gangs criminels. Les règlements de comptes, les fusillades, les explosions et les guerres territoriales ont constitué un fléau pour la sécurité publique en Suède. En réponse à cela, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a annoncé que l’armée coopérerait avec la police pour contenir cette vague de violence.
SUÈDE: UNE TERRE DE VIOLENCE
La Suède est actuellement en tête de liste des pays européens en matière de taux d’homicides par arme à feu, avec 48 décès à la mi-septembre 2023. La Suède présente un indice de criminalité de 48,14 et un indice de sécurité de 51,86, des chiffres préoccupants si l’on considère certaines autres statistiques européennes :
- France : indice de criminalité : 54,56 ; indice de sécurité : 45,44
- Royaume-Uni : indice de criminalité : 46,94 ; indice de sécurité : 53,06
- Allemagne : indice de criminalité : 38,04 ; indice de sécurité : 61,96
- Espagne : indice de criminalité : 35,77 ; indice de sécurité : 64,23
Bien que les noms des chefs des gangs criminels en Suède soient protégés pour des raisons de sécurité, la police a identifié au moins une douzaine de gangs avec 5 000 membres. L’une des bandes les plus connues est Foxtrot, dirigée par Rawa Majid, né en Suède mais d’origine kurde, qui opère caché en Turquie. Malmö a également une importante structure criminelle, ainsi que la présence dans tout le pays de Dödspatrullen (Patrouille de la mort), dont plusieurs membres ont été condamnés à la prison à vie, et dont l’un des leaders a été condamné pour meurtre.
Actuellement, les gangs recrutent des adolescents des quartiers à forte population d’origine immigrée pour plusieurs raisons, notamment le manque d’opportunités et la crise économique, qui poussent ces jeunes à voir les organisations criminelles comme une alternative à l’emploi. À cela s’ajoutent l’influence sociale et environnementale, car les jeunes sont victimes de leur environnement social et recherchent un sentiment d’appartenance, l’impunité pénale des adolescents dans certains pays, ainsi que la manipulation émotionnelle exercée par les chefs de ces gangs, qui deviennent des figures d’attachement pour les jeunes.
Les gangs criminels en Suède ont des origines diverses, mais il existe un facteur commun, bien que non déterminant : de nombreux membres de ces gangs sont des étrangers originaires, en majorité, des Balkans, du Moyen-Orient et du Maghreb. L’acceptation massive de demandes d’asile depuis 2015 peut avoir contribué à l’augmentation du nombre de personnes d’autres nationalités dans ces gangs, la plupart d’entre eux étant originaires des années 1990 et du début des années 2000, et pouvant être les mêmes organisations, leurs héritières ou des scissions.
La plupart des actes violents sont le résultat de vengeances ou de transactions illégales, principalement le trafic de drogue, qui ne satisfont pas l’une des parties. La plupart de ceux qui ont eu lieu en 2023 font partie d’une guerre ouverte entre Foxtrot et une autre bande criminelle dirigée par un ancien lieutenant de la même bande.
LA RÉACTION DU GOUVERNEMENT SUÉDOIS
Les autorités suédoises prennent plusieurs mesures pour lutter contre les gangs criminels, notamment une augmentation significative du nombre d’agents de police dans les zones touchées par la violence, avec un total de 3 000 nouveaux effectifs dans la police, qui seront soutenus par l’armée. Cette dernière fournira une assistance analytique et logistique, ainsi que la manipulation d’explosifs et le travail médico-légal. Parallèlement, le plan d’intervention policière comprend l’amélioration de la coopération internationale, en travaillant en collaboration avec les gouvernements et les forces de sécurité de Norvège, du Danemark, de Finlande, d’Allemagne, de France et des États-Unis pour lutter contre le crime organisé transnational.
En ce qui concerne la problématique du recrutement d’adolescents et d’immigrés par les gangs criminels, le gouvernement investit dans des programmes de prévention pour promouvoir l’intégration, réduire les inégalités et créer des opportunités pour les jeunes. De plus, une mise à jour des lois est en cours pour permettre une plus grande participation militaire aux opérations de sécurité, ainsi qu’une augmentation des peines de prison pour les citoyens suédois impliqués dans ces gangs et l’expulsion pour ceux d’autres nationalités qui en font partie.
Selon un sondage de Novus, la criminalité préoccupe 54 % des Suédois, ce qui la place au deuxième rang des sujets de préoccupation après la santé. Ulf Kristersson a décrit cette violence mortelle comme «l’autre pandémie de Suède» et a affirmé que les gangs sont comme les «terroristes domestiques de Suède».